pantalon chino

Qu’il soit flashy, classique ou smart, le pantalon chino, retroussé sur les chevilles, est présent dans tous les vestiaires masculins et se pose comme la véritable alternative au jean.

D’origine militaire, porté par les stars hollywoodiennes, beaucoup de clichés et de fausses informations circulent sur le chino.

Quelle est la véritable origine du pantalon chino ?

165 ANS D’INNOVATION POUR LE KHAKI

1846 : Invention du Khaki

Du Pendjab à l’uniforme de l’armée britannique

Le mot « khaki » vient de l’ourdou « khāki », qui signifie « poussiéreux » et du perse « khak », qui signifie « poussière ». Le Khaki a été adopté comme uniforme de terrain par l’armée britannique au milieu du XIXe siècle, en Inde d’abord, de manière informelle, puis finalement officiellement dans tous les corps armés de l’Empire. D’après l’Oxford English Dictionary, le Khaki était composé d’une « serge de coton solide » ou d’un « coutil khaki », mais parfois aussi de laine, une variante appelée « Khaki Bedford ».

Sir Henry « Harry » Burnett Lumsden est considéré comme l’inventeur (ou du moins le vulgarisateur) du pantalon chino militaire. En 1846, on lui a confié la mission de constituer une nouvelle unité  pour aller servir au Pendjab, à la frontière toujours agitée du nord-ouest, entre l’Inde britannique et l’Afghanistan, une zone de déserts et de montagnes, peuplée d’innombrables tribus. Le succès de l’uniforme de camouflage Khaki a été tel que tous les soldats britanniques en poste à l’étranger s’en sont vu attribuer un.

Au début de la Première Guerre mondiale, en 1914, certains régiments de cavalerie portaient encore leur uniforme traditionnel très coloré, mais de nouvelles règles allaient bientôt les obliger à se convertir au Khaki, couleur de la boue des tranchées et des routes poussiéreuses qu’ils allaient devoir parcourir. À partir de la Deuxième Guerre mondiale, l’armée américaine a imité les Européens en habillant également ses troupes en Khaki. Un peu plus de 50 ans plus tard, le look pantalon chino, chemise et cravate, inspiré du style militaire, est devenue une tendance majeure de la mode.

 Les années 1900-1920 : les Grands Safaris

Le Khaki devient la tenue de prédilection des explorateurs et des aventuriers

Ernest Hemingway

Ernest Hemingway

Au tournant du XXe siècle, le Khaki devient la tenue masculine standard, s’imposant naturellement comme l’uniforme des explorateurs et des aventuriers, y compris F. Scott Fitzgerald, Charles Lindburgh et Ernest Hemingway. C’est Teddy Roosevelt qui, le premier, rend l’uniforme Khaki populaire (pantalon, chemise, cravate et veste safari) en le portant lors de ses parties de chasse. Il devient un peu plus tard la tenue de prédilection des Britanniques, qui occupent une bonne partie de l’Afrique. Le célèbre ouvrage d’Isak Dinesen, La Ferme africaine, adapté au cinéma sous le titre Out of Africa, idéalise cette époque et est en grande partie responsable du retour à la mode du Khaki dans les années 1980. Levi Strauss & Co. s’est imposé comme référence dans le domaine de la mode dès 1900, lorsque la marque a fabriqué son premier pantalon Khaki. En 1906, la société lance une gamme plus étendue de pantalons et de hauts sous le label « Sunset ». Le logo tout simple, un soleil rouge entouré de rayons rouges, remporte un succès immédiat. La compagnie continue de produire des Khakis jusqu’au début des années 1970, époque à laquelle la demande commence à baisser. A peine une décennie plus tard, la marque Dockers® est lancée.

Les années 1940 : la Deuxième Guerre mondiale

Dockers K1

Durant la Deuxième Guerre Mondiale, l’armée américaine n’a pu manquer de remarquer le contraste frappant entre l’apparence débraillée du G.I. et celle de son homologue britannique. Le gouvernement a alors cherché un tissu en coton, de bonne qualité, confortable et solide, qui ne se décolore pas et convienne bien pour les uniformes. Leur choix s’est arrêté sur le Khaki. Pendant les années de guerre, ce dernier est devenu la tenue du héros américain typique, tel qu’il était dépeint dans les journaux télévisé, les livres et sur le grand écran.

Les années 1940 : le Khaki à Hollywood

Elizabeth Taylor on the set of Giant (1956) with Rock Hudson

Elizabeth Taylor on the set of Giant (1956) with Rock Hudson

Hollywood se met à la mode du Khaki et en fait un symbole d’aventure et de courage. Certaines des grandes stars féminines de l’époque commencent à porter le Khaki à l’écran et dans la vie courante, ajoutant une note glamour à leur garde-robe.

Katherine Hepburn est la première à porter un Khaki en public, ce qui lui attire les foudres de grands producteurs tels que Louis B Mayer et B.P Schulberg. Bette Davis adopte le style à son tour, de même que Greta Garbo qui, dès 1941, s’éloigne des feux des projecteurs et devient déjà la recluse la plus célèbre du monde. La tenue quotidienne de Marlene Dietrich pendant la Deuxième Guerre mondiale est un simple costume Khaki : veste et pantalon assortis avec un twin-set, le tout conçu par son costumier hollywoodien Travis Banton.

Un bon nombre d’acteurs hollywoodiens sert dans l’armée américaine et les services aériens pendant la guerre et l’immédiat après-guerre, comme James Stewart, Clark Gable, Ronald Reagan, Glenn Miller, Douglas Fairbanks Jr., Mickey Rooney et Charlton Heston. Leur héroïsme leur vaut de nombreuses colonnes dans la presse et des légions entières de fans. Il y a aussi ceux qui, tels Audie Murphy, Charles Durning, Jack Warden et Clint Eastwood, aspirent à devenir acteurs après leurs bons et loyaux services, et deviennent des stars.

En 1942, l’Hollywood Canteen, une grande boîte de nuit glamour pour les G.I., voit le jour au cœur d’Hollywood. Des stars de tous les studios consacrent leur temps à divertir les soldats en transit à Los Angeles. Un seul point commun à tous les habitués : le Khaki. Il devient l’uniforme dans lequel toute une nation se reconnaît.

Les années 1950 : le retour des G.I et la vie sur les campus universitaires

Marlene Dietrich

Le Khaki revient à la vie civile aux États-Unis dans les années cinquante, lorsque les jeunes soldats de retour du front continuent à le porter. Grâce à la loi du « G.I Bill », qui permet aux anciens soldats d’intégrer les universités, la popularité du Khaki dans les communautés universitaires se répand telle une traînée de poudre d’un campus à l’autre.

La mode du  Khaki envahit l’Europe à peine dix ans plus tard, en commençant par le Sud de la France, puis gagne d’autres grands pays comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal. En 1960, Londres est la première ville à proposer un défilé masculin sur les podiums de la Fashion Week, au cours duquel, pour la première fois, les pantalons sont portés en-dessous de la hanche plutôt qu’au-dessus.

D’Elvis Presley à Chuck Berry, en passant par Gore Vidal et les idoles de magazines pour adolescentes comme Tab Hunter, Steve McQueen et John Derek, tous l’adoptent au cours de la décennie suivante. Il en va de même pour l’ensemble de la classe politique sous John F. Kennedy et Jimmy Carter.

Même pendant la période d’extravagance des années soixante, le Khaki conserve son image de marque, incarnant un état d’esprit libre, une attitude décontractée, qui favorise le confort. Au milieu des années soixante, un pantalon Khaki homme slim est ajouté à la gamme. Il remporte un succès immédiat, le style du personnage de Ben Braddock joué par Dustin Hoffman dans Le Lauréat (1967) s’imposant comme une tendance majeure dans le domaine de la mode masculine.

Les années 1980 : la renaissance du Khaki

Avec l’arrivée des Républicains, le conservatisme est à l’ordre du jour. L’Amérique dispose de toute une génération de baby boomers dotée d’un certain revenu disponible. En 1986, Levi Strauss & Co. découvre une nouvelle niche économique et introduit sur le marché de masse les Khakis de la marque Dockers®. Ces derniers deviennent alors la pièce maîtresse de toutes les garde-robes masculines. Un idéal s’impose dans les années 1980 : pour réussir, il suffit de le vouloir. Les hommes adoptent alors pour la plupart le costume à rayures des personnages du film Wall Street (1987) d’Oliver Stone. Ils comptent sur ce code vestimentaire pour gravir les échelons de l’entreprise. Le week-end, c’est le look BCBG qui domine, associant pantalons chino ou coutils avec tee-shirts pastels et chemises rayées. Les gilets de laine et les pulls aux motifs audacieux font également fureur.

Au milieu des années 1990, la marque Dockers® est lancée au niveau mondial, notamment au Canada, à Singapour, en Australie et en Europe, et devient rapidement l’une des marques de vêtements décontractés pour hommes les plus populaires de la décennie. Des enquêtes montrent alors que les pantalons Dockers® sont présents dans la garde-robe de huit Américains sur dix.

Les années 1990 et 2000 : Redécouverte : les Khakis redeviennent attractifs

À partir du milieu des années 1990, les pantalons chino deviennent synonymes d’un style vestimentaire décontracté, adapté aussi bien aux loisirs qu’au travail. Grâce à de nouvelles innovations, le Khaki se décline dans une multitude de teintes. Proposés dans des tissus faciles à entretenir et des coupes réactualisées, les Khakis conquièrent la nouvelle génération de consommateurs. À la fin de la décennie, les grands couturiers, de Chanel à Donna Karen et de Yohji Yamamoto à Jean-Paul Gautier, intègrent le tissu Khaki dans leurs créations, le plaçant ainsi au cœur de toutes les garde-robes.

En 2008, Dockers® se fixe pour objectif de développer un pantalon Khaki emblématique. Cette idée découle indirectement de la tendance observée lors de la Fashion Week cette saison-là. Avec son K-1 en édition limitée, Dockers® vise directement un public jeune et averti. Travaillant en étroite collaboration avec ses créateurs, la marque lance une campagne pour promouvoir son produit, dont l’aspect est tellement authentique qu’il semble avoir été créé par l’armée américaine dans les années 1930.

Du costume deux boutons très léger dans les tons tabac aux silhouettes de la jungle birmane inspirés du style de la Rangoon actuelle, le pantalon chino a fait forte impression pendant les Fashion Weeks des deux saisons précédentes. Les baromètres de la mode prévoient que la tendance chino va plus que jamais s’intensifier en 2011, car les marques de jeans vont introduire cet élément dans leurs collections pour la première fois.

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A propos de l'auteur

30 ans, Eurasien, Paris. Directeur associé de Studio EMF. Ancien diplômé de l'ESC Toulouse. Passionné de mode et de voyages. Amateur de boxe française et d'arts martiaux chinois.

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